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Abbaye de Villers, dans les pas de Victor Hugo

Fondée en 1146, ses pierres vétustes ont presque 900 ans d’Histoire. Après le saccage et le pillage lors de la Révolution française, l’abbaye tombera en ruines pour y demeurer un certain temps en dormition.

Au XIXe siècle, un certain Victor Hugo (1802 – 1885) contribuera à sa renommée, par-delà les frontières belges.

En 1146, le chevalier Gauthier de Marbais et sa mère Judith invitent des moines de l’abbaye de Clairvaux, en France, à fonder une nouvelle abbaye sur leurs terres. Un petit groupe de dix-sept moines s’installent à Villers.

Saint Bernard rend visite à la nouvelle communauté et l’encourage. Grâce au Seigneur de Marbais et à sa mère, les moines disposent de matériaux de construction – carrière de pierres, forêt et rivière – pour construire une abbaye de style roman.

Dès lors, un nouveau chantier débute en 1197
Au pied des colonnades se dressent les mots de Victor Hugo inscrits dans l’une de ses plus célèbres œuvres : Les Misérables. Le personnage de Jean Valjean, qui vient de s’enfuir du bagne de Toulon, se réfugie dans les ruines de l’abbaye. Il y passe plusieurs jours, caché dans un cachot.

« C’est là du Moyen Âge que tout le monde a sous la main, à l’abbaye de Villers, le trou des oubliettes au milieu du pré qui a été la cour du cloître, et, au bord de la Dyle, quatre cachots de pierre, moitié sous terre, moitié sous l’eau. Chacun de ces cachots a un reste de porte de fer, une latrine, et une lucarne grillée qui, dehors, est à deux pieds au-dessus de la rivière, et, dedans, à six pieds au-dessus du sol. Quatre pieds de rivière coulent extérieurement le long du mur. Le sol est toujours mouillé. L’habitant de l’in-pace avait pour lit cette terre mouillée… »
Victor Hugo
Les Misérables, II, 7, 2.

Une lente évolution

L’Abbaye, transfigurée par l’essor gothique, s’élève majestueusement au fil d’un siècle de patient labeur. En cette période de grande prospérité, elle abrite près de 400 religieux et règne sur un vaste domaine de près de 10 000 hectares, s’étendant jusqu’aux abords d’Anvers.

Cependant, à partir de 1508, avec la première invasion, et tout au long des tumultes du XVIe et du XVIIe siècles, les moines sont contraints de fuir leurs murs à neuf reprises, fuyant l’insécurité grandissante. À chaque retour, les traces de l’abandon se font visibles, et la brique, humble mais solide, est mise à contribution pour restaurer ces lieux abîmés par le temps et les vicissitudes des conflits.

Le XVIIIe siècle marque l’apogée d’un second âge d’or pour l’Abbaye. Les vestiges médiévaux, empreints d’histoire, se métamorphosent sous l’élégance du style néo-classique. Un majestueux palais abbatial s’élève alors, flanqué de jardins aux lignes harmonieuses, témoins d’une époque de splendeur.

Mais bientôt, la tourmente de la Révolution française brise cette quiétude. Les moines sont chassés, et l’Abbaye, livrée à la fureur des hommes, est ravagée, pillée en 1794. Vendue à un marchand sans scrupules, elle est méthodiquement démantelée, pierre après pierre. Abandonnée aux caprices du temps, la nature reprend ses droits : la pluie, les ronces et l’oubli enserrent peu à peu ses murs déchus. L’abbaye tombera littéralement en ruines.

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Qu’à cela ne tienne, les ruines attireront les romantiques tout au long du XIXe siècle.

L’État, devenu propriétaire des lieux, entame un grand chantier de restauration et de consolidation. Sous la direction de l’architecte Charles Licot en 1893, la nef de l’église est déblayée et les pierres de taille triées.

En 1972, les ruines sont classées comme site et monument historique. Avec ses 650 ans d’occupation, les ruines témoignent de l’évolution des styles architecturaux. Les travaux de restauration sont interrompus par les deux guerres mondiales. Ils reprendront en 1984.

En 1992, l’Abbaye est élevée au rang de patrimoine exceptionnel de Wallonie, un hommage à la splendeur de son passé. Ce vaste ensemble renferme près de 50 000 mètres carrés de murs hors sol, jalousement préservés, ainsi que 5 000 mètres carrés de voûtes majestueuses, où s’entrelacent les échos du roman et du gothique. Témoins silencieux des siècles écoulés, ces pierres racontent encore les fastes et les mystères de ce lieu d’exception.

 

Toutes les photographies présentées dans cet article sont les miennes. Si vous souhaitez les utiliser pour des raisons personnelles ou professionnelles, merci de me contacter au préalable.

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